Le troisième tome est en cours d’écriture. Voici quelques lignes issues du début :


_ J’avance avec une assurance pesante vers la barrière du parking de l’inspection… Elle est ouverte. Julien, “l’homme à tout faire” de l’inspection s’échine sur le boitier démonté. Intrigué, je m’approche en tentant de le saluer machinalement de la main. Le poids inhabituel de ma main stoppe le geste aussi sûrement que le chant du merle la nuit. De toute façon il ne m’a pas encore remarqué. Je lui lance donc un bonjour sonore :

_ Bonjour Julien, c’est toi qui répare la barrière ?

_ Salut… Oui, avec ce froid, le caoutchouc que j’avais mis est gelé… Elle ne peut plus remonter…

_ Mais là, elle est pourtant remontée…

_ En fait elle peut plus descendre non plus…

_ Le caoutchouc ?

_ Non, j’ai dérapé avec le tournevis…

Ne voyant pas le rapport, je lui lance une proposition du bout des lèvres, les mains étant trop occupées.

_ Euh… t’as besoin d’un coup de main ?

_  Non, c’est tout bête, j’ai réchauffé la rondelle, y reste plus qu’à la mettre… quand la barrière est baissée.

_ Ah ouais, je vois… tu ne peux vraiment pas la baisser ?

_  Non, c’est complétement bloqué !

_  Donc, c’est foutu !

– Oui, complétement !

– Alors pourquoi t’essaye encore ?

– Non, j’essaye pas vraiment…

– Tu fais quoi alors, si tu ne répares pas…

– Je suis le protocole !

– Le protocole pour réparer ?

– Non justement… c’est le protocole de dépannage !

– Excuse-moi avec ces questions stupides, je vois bien que ce n’est pas le moment…

Je trouve cette discussion de plus en plus pénible, surtout dans les bras. Je m’apprête à le laisser suivre le protocole de dépannage pour réparer ce qui ne peut l’être, quand il me remercie froidement d’un ton enjoué…

– Non, y caille, ce matin ! Ça me fait plaisir que tu me tiennes compagnie…

– Ah ? Et tu en as encore pour longtemps ?

– 43 minutes !

– C’est précis ! Il te faut tout ce temps pour réparer ?

– Ben non, c’est pas réparable !

– Je ne comprends pas pourquoi tu restes à te geler dehors… Puisqu’elle est levée tout le monde pourra rentrer et sortir.

– Oui, mais c’est le protocole de dépannage !

– Pour quand c’est cassé ?

– C’est exactement ça ! il faut réparer une heure avant de dire que c’est cassé… La dernière fois, avec le caoutchouc, je l’ai réparée en 10 minutes… Je me suis fait engueuler, parce que j’avais réparé trop vite et qu’on ne pouvait pas appeler l’entreprise… J’ai prévenu que c’était temporaire, juste pour dépanner, mais rien à faire… Ça a quand même tenu 6 mois… C’est pas mal…

– Ça laissait pas mal de temps pour réparer…

– Non, on fait des économies, tant que ça tient…

– Houlà, si c’est pour la sauvegarde du budget !

– Au final, ça coutera plus cher !

– Bon… ben… je vais quand même te laisser, je dois déposer tout ça… Je te souhaite bon courage, et surtout fais gaffe de ne pas réparer sans faire exprès, tu serais encore embêté après.

– Oui, c’est ça fous-toi de ma gueule… La prochaine fois que ton ordi plante, je te prêterais ma rondelle !

– T’as raison, il faut que je me magne la rondelle… et je le plante, mais sans le lui dire…

– A plus…